L’Inclusive Tour est passé par Nantes, la Fondation AMIPI était présente !
Lors d’un échange structuré aux côtés du président de l’Unea, C. Gayssot ; d’Alexandre Miailhe, directrice générale de Saprena, … nous avons pu découvrir le rapport Accenture présenté par J. Muller, qui éclaire avec un regard nouveau le coût global du travail versus celui du non travail et démontre que l’inclusion est un facteur de compétitivité si elle est organisée. E. Sendecki, directeur général délégué de la Fondation en charge de l’Economique, nous livre son point de vue.
La Fondation AMIPI permet à des personnes ayant une RQTH d’accéder à l’emploi puis de s’insérer en entreprises classiques : on comprend bien les atouts, humainement et socialement, que cela représente pour une personne de travailler, au-delà, pouvez-vous nous expliquer l’intérêt économique ?
Eric Sendecki : Il y a en fait un double intérêt au niveau des dépenses publiques.
D’abord, une personne en situation de non-activité est consommatrice de dépenses publiques alors qu’une personne en activité ne coûte rien. En lui permettant d’accéder à l’emploi, les économies générées sont significatives. En effet, plusieurs études (comme celles menées par TZCLD en 2018 et Accenture en 2020) estiment qu’une personne qui ne travaille pas « coûte » environ 30.000 € par an. On intègre dans ces coûts les frais de santé, les prestations sociales, les dépenses liées au chômage, les diverses subventions mais aussi le manque à gagner au niveau des prélèvements fiscaux.
Mais il y a un autre intérêt : le passage du chômage à salarié d’une entreprise adaptée génère déjà des économies, celles-ci seront encore plus importantes lors de l’insertion de ce même salarié en entreprise classique : c’est en moyenne 700 K euros par insertion réussie en cas de maintien dans l’emploi.
Il paraît donc évident que l’on doit privilégier l’activation de l’ensemble de ces dépenses passives au profit de l’emploi.
L’étude menée par Accenture va même plus loin en soulignant que « l’inclusion est un levier de compétitivité pour relocaliser des activités intensives en capital travail, aujourd’hui réalisées dans des géographies à bas coût ».
On comprend ce cercle vertueux généré par l’activité et l’emploi cela dit, l’AMIPI coûte bien de l’argent à la société ?
ES : Non ! Ce serait ignorer tout un pan de notre modèle économique car en final, l’AMIPI ne coûte rien. Pour faire simple, d’un côté, l’AMIPI reçoit des subventions publiques qui compensent la productivité moindre de nos opérateurs TH et de l’autre côté, elle génère des recettes fiscales et sociales par le fruit de ses activités économiques et le travail de ses salariés.
Les subventions perçues par la Fondation sont compensées par les recettes fiscales et sociales qu’elle génère. Elle est donc autonome sur le plan économique et ne coûte rien à la collectivité. Si on rajoute l’impact des insertions, elle génère même un excédent de l’ordre de 12/14 M€ par an sur la base d’un rythme moyen de 20 insertions annuelles.
Pourquoi se priver de la virtuosité d’un tel modèle ? Ethiquement d’abord, car il ne laisse personne sur le bas-côté, mais également « économiquement » car il ne coûte rien en fonctionnement et permet, comme nous l’avons évoqué toute à l’heure, une économie en matière de dépenses publiques.
Tout le monde est gagnant…
Un rapport a été réalisé par la préfecture des Pays de la Loire en février 2020 intitulé : « Entreprises adaptées et travailleurs handicapés : constat et propositions » ; pouvez-vous nous en dire deux mots ?
ES : Oui bien sûr, en fait ce rapport évoque ou plutôt confirme le périmètre des entreprises adaptées. Par la loi de février 2005 elles ont en effet pour objectif de créer des passerelles avec les entreprises classiques et d’accompagner leurs salariés vers celles-ci. C’est leur rôle. Or, cette note part du constat que très peu d’entreprises adaptées arrivent à créer les conditions nécessaires pour permettre cette « sortie » des travailleurs avec handicap vers l’entreprise classique.
Le rapport de la préfecture met en valeur des expérimentations réussies, comme celle de l’AMIPI, pour proposer des solutions, identifier des recommandations qui visent à recentrer chaque acteur du milieu protégé vers ses objectifs initiaux : pour schématiser, créer une passerelle entre le chômage, les établissements de soins type ESAT, qui dépendent du médico-social, puis vers l’entreprise adaptée qui fait partie du milieu ordinaire et enfin jusqu’à l’entreprise que l’on appelle « classique ».
Une des recommandations-phares et compte tenu des coûts économisés grâce aux résultats de l’insertion, est de réviser le montant des subventions perçues par les entreprises adaptées, l’idée serait d’arbitrer ce montant en fonction de leurs résultats en matière d’insertion.
Propos recueillis par Solenne Fleytoux
Responsable communication & RSE – Fondation AMIPI – Bernard VENDRE
s.fleytoux@slami-aamipi.com